C’est un confinement «new look» pendant au moins quatre semaines, une «troisième voie», qu’a annoncé Jean Castex, lors de sa conférence de presse, jeudi 18 mars, en évitant au maximum de prononcer le mot «confinement». De même, le Premier ministre a refusé de parler d’un aveu d’échec du pari tenté par Emmanuel Macron en repoussant la préconisation d’un confinement strict d’un mois en février formulée par le Conseil scientifique. Il s’est même livré à un exercice d’auto-justification, pour ne pas dire d’auto-satisfaction, quitte à prendre des libertés avec les faits. À l’entendre, en effet, nous serions passés tout près d’une catastrophe : un confinement dur de trois mois, alors que les scientifiques suggéraient d’appliquer ces mesures pendant un mois afin de donner un coup de frein significatif à l’épidémie. Au lieu de quoi, le scénario que nous redoutions s’est produit : l’épidémie est désormais hors de contrôle dans une bonne partie du territoire.
Et les nouvelles mesures, pourtant présentées comme “fortes”, auront bien du mal à inverser la tendance en quatre semaines alors que la troisième vague s’approche inexorablement. Derrière ces contorsions, se cache un aveu involontaire : en refusant toute anticipation et toute prise de décision forte fin janvier, l’exécutif se retrouve à la mi-mars, obligé de durcir «mais pas trop» les dispositions, en confinant sans confiner, avec une efficacité qui sera faible.
Jean Castex a aussi réaffirmé le dogme du maintien coûte que coûte de l’ouverture des écoles, alors que Santé Publique France annonce un doublement des cas depuis une semaine en milieu scolaire, et que jamais, depuis le début de l’épidémie, il n’y eu autant de cas en lien avec les enfants et les professionnels de ce secteur.
Alors que les protocoles dans les établissements scolaires ne sont pas adaptés et que les tests antigéniques censés être systématisés sont loin de l’être (le ministère de l’Éducation nationale s’abstient d’ailleurs de fournir des chiffres sur leur déploiement), les variants plus contagieux et plus dangereux continueront donc de circuler parmi les enfants, les enseignants et les personnels.
Sans le dire, le gouvernement compterait-il sur une immunisation collective par l’infection des enfants, des personnels de l’éducation et des parents d’élèves pour compléter celle opérée par la vaccination ? Dos au mur, l’exécutif renforce donc les mesures sanitaires, sans autre solution, en espérant que leur efficacité sera visible, afin de ne pas se dédire.
Il aurait pourtant été possible et de mieux protéger la population en prenant les mesures adaptées en temps et en heure, plutôt que d’essayer de se protéger à tout prix de l’impopularité.