Aller au contenu

Covid-19 et enfants : que sait-on de leur contagiosité ? – Sciences et Avenir

Des oasis au milieu du désert épidémique ? Ce 28 octobre 2020, le président Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement, dernier recours pour affronter la deuxième vague qui menace de nous engloutir. Mais à la différence du premier confinement, les écoles, collèges et lycées ne fermeront pas. Cette décision est soutenue principalement par le faible risque que les enfants ont de développer des formes graves de Covid-19, constat confirmé par plusieurs études. Mais qu’en est-il de leur contagiosité ? Et, y a-t-il des différences entre les plus jeunes et les adolescents ? Voici un récapitulatif (non exhaustif) des dernières recherches à ce sujet.

Les écoles sont des lieux d’infection

« Depuis deux mois, il n’y a pas eu de contaminations en milieu scolaire », affirmait le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer le 29 octobre, selon Les Échos. Pourtant, selon le dernier point de situation de son ministère, au 16 octobre il y avait 27 structures scolaires fermées à cause du Covid-19, plus 293 classes dans des établissements encore ouverts, pour un total de 8.223 élèves infectés la semaine dernière. Et la France n’est pas une exception, des cas de contaminations à l’école ont été constatés dans plusieurs pays, notamment chez nos voisins allemands qui ont fait l’effort de comptabiliser et analyser tous les cas de clusters dans leurs écoles avant et après leur confinement du printemps. Ainsi, dans ce pays où la circulation du virus a été moindre qu’en France, il y a eu environ 3,3 clusters par semaine avant le confinement, chiffre qui est descendu à 2,2 après le confinement grâce à une épidémie mieux contrôlée et aux gestes barrière.

Les enfants peut-être autant infectés que les adultes

Cette question n’est pas encore tranchée, mais les informations disponibles actuellement pointent vers un taux d’infection similaire chez les enfants et les adultes. Certes, la plupart des études montrent que les mineurs ont moins de probabilité d’être infectés, surtout les moins de 10 ans (-48 % comparés aux adultes), selon une méta-analyse de 32 études (300.000 personnes infectées au total), publiée le 25 septembre dans le journal JAMA Pediatrics. Mais la plupart des études analysées dans cet article ont eu lieu dans des pays où les écoles ont été fermées et où les enfants devaient rester chez eux (comme en France pendant le confinement originel). C’est-à-dire qu’il est possible que leur faible taux d’infection soit dû à ces protections. Hypothèse qui semble se confirmer en regardant le cas de la Suède, un des seuls pays à ne pas fermer ses écoles pendant la première vague. En effet, chez les Suédois il n’y a point de différence dans les taux de séroprévalence (présence ou pas d’anticorps contre le virus dans le sang) entre les mineurs et les adultes (6,8 % contre 6,4 %), c’est-à-dire que les enfants ont été tout autant contaminés que le reste de la population.

Les enfants sont aussi contagieux que les adultes…

Malgré quelques rapports encourageants lors de la première vague (avec celui-ci et celui-là), les dernières études suggèrent une contagiosité tout aussi élevée que les adultes (voire plus). À Chicago (États-Unis), une étude sur 145 malades conclut que les adolescents ont une charge virale comparable à celle des adultes (donc seraient aussi contagieux), alors que les moins de 5 ans auraient 10 à 100 fois plus de charges virales que les adultes. En Italie (dans la ville de Trento), les malades de moins de 15 ans avaient une plus grande probabilité de contaminer d’autres personnes que les adultes (étude pas encore revue par les paires). En Corée du Sud, une étude de contact tracing sur plus de 60.000 personnes (publiée le 10 octobre) montre que les mineurs avaient la même probabilité que les adultes de transmettre la maladie à l’extérieur de la maison, mais dans la maison, les enfants de plus de 10 ans étaient plus contagieux que les adultes. Finalement, la plus grande étude de « contact tracing » à ce jour (publiée dans Science le 30 septembre), menée en Inde avec plus de 650.000 personnes, montre que les enfants de moins de 17 ans infectaient les autres personnes tout autant que les adultes : ils représentaient 8 % du total des cas, contaminant 10 % des cas contacts (pour comparer, les 18-29 ans étaient 23 % des cas et ont contaminé 23 % des cas contacts, donc un rapport de 1-1 pour les pourcentages d’infection, similaire aux enfants).

… mais moins affectés par la maladie

Ce qui semble par contre sûr, c’est que les enfants sont moins sujets aux formes graves de la maladie. C’est par exemple le cas en France, où seulement 0,1 % des moins de 20 ans infectés ont été hospitalisés lors de la première vague et 0,001 % sont décédés. Ou aux États-Unis (selon la CDC), où 277.000 enfants scolarisés ont été infectés au 19 septembre (37 % avaient de 5 à 11 ans), dont seulement 1,2 % ont été hospitalisés (représentant 1,7 % des hospitalisations), 0,1 % sont allés en réanimation et moins de 0,01 % sont décédés (0,07 % du total de décès).

En revanche, tout comme pour leur contagiosité, on ne sait pas encore si cette susceptibilité dépend de l’âge des enfants. Aux États-Unis, ce sont les enfants les plus jeunes (moins de 5 ans) qui ont été les plus touchés par les formes graves. Constat similaire en Colombie, où 5.062 enfants ont été hospitalisés, dont la moyenne d’âge des enfants décédés (2,9 ans) ou en réanimation (4,9 ans) était plus basse que celle des enfants qui sont rentrés à la maison (9,3 ans). Cependant, à l’hôpital pédiatrique de Madrid c’est l’inverse, seulement 6 % des moins de 6 ans ont présenté des formes graves, contre 40 % des enfants de plus de 6 ans. Et en plus du Covid-19, les enfants infectés par le coronavirus SARS-CoV-2 peuvent aussi développer une maladie inflammatoire grave proche de la maladie de Kawasaki, qui a déjà touché plus d’une centaine d’enfants en France. Selon une revue publiée le 22 octobre, cette maladie affecte principalement les enfants plus âgés (9-15 ans).

Il est donc trop tôt pour conclure sur la susceptibilité ou la contagiosité des enfants en fonction de leur âge. Mais une chose est certaine, les enfants sont contagieux et l’ouverture des écoles favorisera la circulation du virus dans le territoire (même si les masques à partir de 6 ans peuvent ralentir ce brassage).

Commenter




Commenter

Source: Covid-19 et enfants : que sait-on de leur contagiosité ? – Sciences et Avenir