Les poumons sont l’organe cible de l’infection par le SRAS-CoV-2, et facteur pronostic assez évident. MAIS le virus peut se propager à de nombreux autres organes : le cœur, les vaisseaux sanguins, les reins, l’intestin et le cerveau.
Des symptômes persistants sont signalés après la phase aigue du COVID-19, y compris chez les personnes qui souffrent initialement d’une forme légère de la maladie:
– au delà de 12 semaines
– 10-20% des infectés (?)
Afin de mieux comprendre les causes, les facteurs aggravants et les approches thérapeutiques possible il convient de mettre en place une approche multidisciplinaire comme celle décrite dans cet article.
Par ailleurs, on sait déjà qu’avec les coronavirus (SARS COV 1 et MERS-CoV) la persistance de symptômes débilitants tels que l’altération des scores de qualité de vie, de la santé mentale, à 1 an étaient rapportés dans une cohorte canadienne infectée en 2007 par Tansey et al.
Quels sont les symptômes persistants après COVID 19 ?
La Dre Mayssam Nehme du Service de médecine de premier recours des HUG fait un états des lieux à l’occasion du colloque de médecine du mardi 17 novembre 2020.
On va s’intéresser à la cohorte Suisse COVICARE qui a suivi 669 patients ambulatoires entre le 18 mars et le 15 mai. Parmi eux, 1/3 souffrait toujours de symptômes à 30-45 jours de l’infection initiale. Parmi les signes les plus fréquents (article):
- fatigue
- dyspnée
- dysosmie/dysgueusie
Cependant comme mentionné dans cet article du BMJ, il convient de ne pas les confondre avec les :
- Symptômes dûs à 1 inflammation chronique persistante
- Conséquences des dommages aux organes (lésions de la phase aiguë au cœur, poumon, cerveau et reins)
- Conséquences aspécifiques de l’hospitalisation/immobilisation par la maladie/isolement social/SSPT
- Effets du déconditionnement périphérique lié au confinement et/ou à la maladie elle-même
A quoi seraient dus les symptômes persistants :
A l’heure actuelle, il s’agit d’hypothèses liées à des études faites sur des cohortes hétérogènes utilisant des questionnaires pas nécessairement standardisés. On peut cependant classifier 3 grandes causes possibles :
- la persistance du virus dans l’organisme ou certains organes?
- une réinfection?
- un dysfonctionnement immunitaire (soit par un affaiblissement ou une suractivité du système immunitaire)?
Comme pour le SARS, on est loin de tout savoir. Les complications physiques évidentes sont de toutes façons prises en compte en sortie d’hospitalisation. Cela dirigera les patients vers un SSR (quand ils sont dénutris ou s’ils ont une atteinte neuromusculaire séquellaire…). Les recommandations sont bien décrites dans le parcours de réadaptations du patient COVID mis en ligne par la HAS.
Un bilan fonctionnel respiratoire complet est déjà recommandé pour évaluer les séquelles respiratoires (fibrose post SDRA), trois mois après la sortie de l’hôpital : https://splf.fr/wp-content/uploads/2020/12/guide-pr-en-charge-sequelles-respiratoires-sars-cov2.pdf
Quelles sont les données de la littérature sur les symptômes de #LongCovid et leur origine/étiologie?
On dénombre plusieurs types d’atteintes, pas toujours facilement discernables et discriminantes. On peut cependant les classer en plusieurs catégories:
- Atteintes neurologiques
On estime que 10 à 35% des patients souffrent de symptômes persistants, principalement neurologiques: cela se traduit pas un dysfonctionnement du système nerveux autonome, des troubles du sommeil, des syndromes douloureux, des étourdissements, ou encore des difficultés cognitives. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S030439402030803X
L’origine de ces symptômes n’est pas connu avec précision. Une invasion directe du Système Nerveux Central (CNS) par le virus SARS-CoV-2 est évoquée, ainsi que des symptômes lies a une réponse immunitaire à médiation virale : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33198412/
- Atteintes respiratoires
On estime que 30% des patients hospitalisés après la phase aiguë présentent des atteintes TDM (xxx). La fonction respiratoire s’améliore au cours du suivi d’après cette publication. Concernant l’évolution des patients en ambulatoire c’est moins clair et les symptômes suivant sont souvent identifiés: dyspnée, intolérance à l’effort ET douleurs thoraciques.
- Atteinte cardiaque
- Dysfonction autonomique (1/2) : prévalence non connue https://www.rcpjournals.org/content/clinmedicine/21/1/e63
~ syndrome d’intolérance orthostatique – palpitations – dyspnée – douleurs thoraciques – hypotension orthostatique – syncope
Physiopathiologie :
– conséquence de l’orage cytokinique ?
– Atteinte directe du système nerveux autonome par le coronavirus ?
– déconditionnement ou hypovolémie?
– neuropathie à médiation immunitaire ou virale? - Suite à une infection à coronavirus, MAIS l’atteinte myocardique persistante n’est pas avérée pour SARS COV2 malgré la présence (dans des séries autopsiques) de virus dans cellules: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33317101/
- Arythmies persistantes ~ tachycardie sinusale inappropriée
– hyperactivité intrinsèque du nœud sinusal,
– dysfonctionnement autonome
– état hyperadrénergique : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33231782/
- Atteinte digestive
On estime qu’elle touche environ 35% des patients lors de la phase aigue. Au niveau de la muqueuse du tube digestif on retrouve des cellules présentant un taux élevé d’ACE2, le récepteur d’entrée du virus SRAS-CoV-2 dans les cellules. Cela pourrait donc être un tissu privilégié pour l’infection virale, et eventuellement un réservoir de virus, le produisant de manière chroniques et/ou périodique. Cela pourrait éventuellement expliquer les symptômes. Cependant, la fréquence de ces symptômes digestifs persistants est peu étayée : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33037400/
- Atteinte cutanée
Elle apparait plutôt dans la phase aigue de la maladie et se présente sous forme de lésions acrales ~ pseudo-engelures, éruptions érythémateuses maculopapuleuses, éruptions vésiculaires, des éruptions urticariennes, des éruptions vasculaires : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7456663/
En conclusion
Les symptômes (liste non exhaustive) persistants de #LongCovid sont nombreux et leur – physiopathologie n’est pas élucidée – les études de cohorte sont donc NECESSAIRES -avec une action COORDONNEE de recherche/prise en charge sur l’ensemble de notre territoire.