Le Premier ministre, Jean Castex et le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont tenu une conférence de presse jeudi 25 février dans laquelle ils ont une fois de plus démontré une absence d’anticipation irresponsable, dans une situation pourtant très défavorable.
Des mesures drastiques de freinage de circulation du virus que nous appelons de nos vœux depuis plusieurs semaines et qui ont également été préconisées le 29 janvier dernier par le Conseil scientifique – dans une note qui a été rendue publique seulement mercredi 24 février – ont une fois de plus été écartées. En effet, selon Jean Castex, « le confinement est un levier auquel nous devons recourir. Quand on ne peut pas faire autrement, il faut le faire à bon escient, au bon moment. » Présentée comme l’arme nucléaire dans une guerre qui n’en est pas une, face à un virus avec qui l’on ne peut pourtant pas négocier, le confinement ne sera donc imposé que lorsqu’il sera trop tard, contre l’avis de tous les spécialistes et à rebours de tous nos voisins européens.
Alors que la situation est désormais critique dans une vingtaine de départements dont certains sont très denses, à l’instar de l’Ile-de-France, il est seulement prévu de faire « un point […] la semaine prochaine, et si, et seulement si la situation continue à se dégrader, [de prendre] des mesures renforcées, qui entreront en vigueur à compter du week-end du 6 mars. » Disons-le clairement ou « traduisons-les » : pour ne pas se dédire après avoir fait le choix de ne pas confiner, les autorités sanitaires attendent le dernier moment pour prendre des décisions qui s’imposent depuis des mois. Or, les Français sont déjà en partie confinés, fatigués, sans perspective d’amélioration de leur quotidien, pour beaucoup dans l’anxiété face à la maladie et la mort et sans le sentiment d’être protégés par leurs autorités. « Le bon moment » sera donc lorsque nous aurons trop perdu : pour des dizaines de milliers de personnes, la vie ; pour d’autres encore, la santé ; pour le pays, du temps, beaucoup d’argent et la capacité collective d’accepter de nouvelles contraintes alors que reviendront les beaux jours.
Devons-nous attendre que l’exaspération soit à son comble pour que soient prises des décisions encore plus contraignantes ? Est-ce cela la véritable stratégie ?
Cessons de parler de confinement local, national, en semaine ou le week-end, formulons plutôt un objectif : casser la dynamique de l’épidémie pour avoir une chance de nous en sortir et adoptons une stratégie adaptée, basée sur les données de la science et la mise en commun de l’expérience que les pays ont accumulée en luttant depuis un an contre le Covid.