Elles devraient passer entre les mailles du confinement. Selon toute vraisemblance, les écoles vont rester ouvertes en France, malgré l’annonce d’un confinement. En attendant l’arbitrage définitif, le débat scientifique fait rage : les enfants, parfois décrits comme des petits « contaminateurs », seraient à l’origine d’une reprise de l’épidémie en Israël, selon une récente étude du gouvernement. En cause, leur retour sur les bancs de l’école.
Une donnée fait bien consensus depuis le début de la crise sanitaire : les enfants souffrent pour la plupart de formes bénignes du virus. « Chez les enfants, l’infection est généralement plus légère ou asymptomatique, ce qui signifie que l’infection peut passer inaperçue ou ne pas être diagnostiquée », rappelait une étude publiée mi-août, par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) sur l’infection par le SARS-CoV-2 chez les enfants et le rôle du milieu scolaire dans la transmission du virus.
Pour autant, transmettent-ils beaucoup le Covid-19? La réponse est, là, loin de faire l’unanimité dans le corps scientifique, qui s’écharpe depuis des mois sur cette question. « Superpropagateurs », selon les résultats d’une étude publiée en septembre dans la revue Science portant sur l’Inde, les enfants seraient en réalité de « petits contaminateurs », comme l’affirmait dans nos colonnes début juin, Robert Cohen, vice-président de la Société française de pédiatrie.
5 % d’enfants « supercontaminateurs » en Israël
Pour tenter d’y voir plus clair, le gouvernement israélien, confronté à une deuxième vague mi-septembre, s’est intéressé aux conséquences de la réouverture des écoles après le confinement. Un point de méthodologie important selon les épidémiologistes. « La plupart des études sur le Covid-19 et les enfants ont été menées pendant les périodes de verrouillage – qui ne sont pas des conditions normales – ou à un moment de faible transmission communautaire (hors des clusters actifs, NDLR) », écrit Zoë Hyde.
Cette scientifique australienne a synthétisé les résultats de cette étude israélienne publiée le 21 octobre dernier. Pour démontrer la contagiosité des enfants dans le pays, 350 personnes ayant infecté au moins dix personnes ont été identifiées par les autorités. Parmi ces « supercontaminateurs », 5 % étaient des enfants, apprend-on.
Surtout, les clusters identifiés à l’école se sont répandus largement au-delà de ses murs. D’un établissement où cinq professeurs et 20 élèves étaient contaminés, ce sont finalement 79 personnes qui sont positives. Conclusion du gouvernement israélien : la réouverture des écoles est bel et bien responsable d’une reprise de l’épidémie. « L’expérience israélienne nous a montré que c’était impossible de mettre une cloison étanche entre les jeunes et les vieux », analyse le professeur Philippe Froguel, médecin et chercheur en biologie moléculaire et génétique à Lille.
Des mesures sanitaires renforcées
Ces travaux pourraient-ils enfin amener à un consensus sur la question de la contagiosité des enfants ? « Je le pense », répond Antoine Flahault, pas vraiment étonné par les résultats : « Je ne connais pas un seul virus respiratoire qui ne se propage pas de manière prédominante chez les enfants », note l’épidémiologiste et spécialiste de santé publique.
Pour l’heure, en France, les médecins ne parlent pas encore à l’unisson. Si pour certains comme Alain Fischer, pédiatre à l’hôpital Necker à Paris, « le risque de transmission des enfants vers les adultes est faible, même s’il n’est pas nul », a-t-il répété ce mercredi Franceinfo, pour le collectif du Côté de la Science, qui réunit plusieurs médecins, « les écoles ne sont en effet pas magiquement protégées du virus ou de la maladie ». « Les personnes qui y travaillent ou les enfants qui s’y retrouvent s’exposent comme les autres au risque de transmission. Ce n’est pas parce que les enfants font très peu de formes sévères ou de formes chroniques, qu’ils n’en font pas, ou qu’ils ne sont pas des vecteurs du Covid : 40 % d’entre eux, lorsqu’ils sont détectés positifs, sont asymptomatiques », écrivent ces médecins.
Faut-il pour autant laisser les écoles fermées? Non, si et seulement si les mesures sanitaires sont renforcées, martèlent les responsables du monde éducatif. Les scientifiques, plaident, comme Antoine Flahault par exemple, pour le port du masque dès six ans.
Source: Transmission du Covid-19 : les enfants et l’école, un cocktail explosif ? – Le Parisien