Une récente étude de modélisation parue dans The Lancet nous informe sur l’efficacité des mesures de restriction de liberté sur le taux de reproduction effectif du SARS-CoV-2
Depuis le début de cette pandémie, nous luttons. Nous combattons un nouveau virus, le SARS-CoV-2, du mieux que nous pouvons. La recherche médicale a évolué, mais traiter une infection virale reste complexe. Obtenir des résultats fiables sur des thérapeutiques prend du temps. D’autant plus dans un contexte où une minorité de scientifiques se targue d’avoir trouvé le remède miracle et le crie sur tous les toits.
Les armes qui sont les nôtres sont donc principalement comportementales même si les corticoïdes permettent désormais de réduire la mortalité chez les cas graves. Il s’agit des gestes barrières et des mesures de confinement qui ont un objectif bien précis : ralentir, voire stopper la propagation du coronavirus. Ces mesures ont permis de gérer la première vague de mars dernier, où nos connaissances sur ce virus et les traitements étaient encore plus flous. Aujourd’hui, la deuxième vague déferle sur l’Europe. Un second confinement a déjà commencé dans certains pays et n’est plus une option qui doit rester inconsidérée.
Une récente étude parue dans The Lancet s’est intéressée à la façon dont ces mesures comportementales avaient fait varier le taux de reproduction effectif au cours du temps dans plus de 131 pays.
Une augmentation du taux de reproduction après la levée des mesures
Comme on pouvait s’y attendre, ces mesures ont bien eu un impact sur la transmission du SARS-CoV-2. Elles ont fait chuter le taux de reproduction effectif du virus en dessous de 1, ce qui signifie qu’une personne contaminée infecte en moyenne moins d’une personne, autrement dit, personne. Mais ces mesures ont dû être progressivement levées. Et la circulation du virus est repartie à la hausse.
Pour autant, les chercheurs ont constaté qu’il fallait en moyenne une à trois semaines pour constater l’efficacité des mesures prises et une temporalité similaire pour constater les dégâts de leur retrait progressif. Les trois évènements qui conduisent à une augmentation plus importante du taux de reproduction selon le modèle utilisé par les chercheurs (supérieur à 20 % en moyenne) sont la réouverture des écoles, les évènements publics et les rassemblements de plus de dix personnes.
Tic, tac : le virus circule
Avec le nombre de cas, d’hospitalisation et d’entrées en réanimation que l’on constate aujourd’hui en France, il semblerait que nous n’ayons pas réagi assez vite. Le couvre-feu instauré parviendra-t-il à contenir l’épidémie ? Certains médecins sont sceptiques.
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Je crains fort qu’un couvre-feu ne soit qu’une façon d’éteindre un incendie de forêt avec des seaux d’eau
L’un d’eux, Mathieu Calafiore, détaille sur Twitter : « Je crains fort qu’un couvre-feu ne soit qu’une façon d’éteindre un incendie de forêt avec des seaux d’eau. J’espère sincèrement avoir tort. Je préférerais qu’on me traite d’alarmiste dans un mois. Vraiment. Je ne crois pas une seule seconde que le couvre-feu puisse stopper la dynamique de l’épidémie sans confinement. Malgré tout, j’essaie de garder un brin d’optimisme, mais le confinement, selon moi, est tout simplement inévitable. »
- L’introduction et la levée des mesures de restriction de liberté ont eu un impact sur le taux de reproduction du virus.
- Il faut une à trois semaines pour constater l’efficacité des mesures prises et les dégâts lorsqu’elles sont assouplies.
- Les trois causes majeures de l’augmentation du taux de reproduction sont la réouverture des écoles, les évènements publics et les rassemblements de plus de dix personnes.